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Lili Keller-Rosenberg, dite « Lili Laignel », est arrêtée à l’âge de 11 ans avec toute sa famille à Roubaix le 27 octobre 1943. D’abord internée à la prison de Loos, la famille est ensuite transférée au camp de rassemblement de Malines en Belgique.

D’origine juive hongroise, la famille échappe à la déportation vers les centres de mise à mort d’Europe de l’Est ; Lili est déportée à Ravensbrück le 15 décembre 1943 avec sa mère et ses deux petits frères. C’est dans ce camp qu’elle côtoie Geneviève de Gaulle, la nièce du Général, arrêtée en juillet 1943 et déportée pour faits de résistance en janvier 1944. Ayant elle-même pris connaissance le jour même de l’Appel prononcé par « l’Oncle Charles » le 18 juin 1940, Geneviève de Gaulle entreprend des actes individuels de résistance puis, à Paris, avec sa tante Madeleine, elle distribue sous le manteau des photographies du Général de Gaulle. En 1943, elle entre dans le mouvement « Défense de la France » et convainc son dirigeant de se rallier au Général. Elle devient membre du comité directeur du mouvement, chargée de la diffusion de son journal éponyme, où elle écrit d’ailleurs sous le pseudonyme de « Gallia ».

Geneviève de Gaulle et la famille de Lili partagent d’ailleurs le même block avec de nombreuses autres détenues. Souffrant de scorbut, de plaies purulentes et d’ulcérations de la cornée qui l’aveuglent, la nièce du Général ne doit sa survie qu’à la solidarité de ses codétenues.

Le père de Lili est quant à lui déporté à Buchenwald où il disparaît en 1945.

Le 2 mars 1945, la famille est transférée au camp de Bergen-Belsen où elle est enfin libérée par les Britanniques le 15 avril 1945. Lili est rapatriée avec ses deux frères via l’hôtel Lutétia le 24 mai 1945. Leur mère, atteinte du typhus, reste à l’infirmerie du camp et les rejoindra plus tard dans un préventorium d’Hendaye.

Aux côtés de notre ami, Bernard Duval, résistant déporté à Neuengamme puis Sachsenhausen, Ginette Kolinka, déportée à Auschwitz-Birkenau puis Bergen-Belsen, Raguhn – kommando de Buchenwald – et enfin Thresesienstadt, Jean Lafaurie, résistant déporté à Dachau, Lili Laignel est venu à Caen dans le cadre de « Passage de témoin(s) », journées d’études et d’échanges organisées par l’Association des amis de la Fondation pour la mémoire de la déportation (AFMD) ; ouvertes au public, ces manifestations permettaient d’aller à la rencontre des derniers survivants des camps nazis et renouveler l’approche de la transmission de la mémoire.

C’est le samedi 2 octobre, dans le cadre d’un concert « Mémoire et cinéma – un violon dans l’Histoire » organisé dans ce cadre en présence des déportés que j’ai eu l’honneur de faire la connaissance de Lili Laignel. A la fin de ce concert de plus de 90 minutes durant lesquelles Isabelle Durin au violon et Michaël Ertzscheid au piano ont offert au public un spectacle éblouissant, Lili Laignel, Ginette Kolinka et Jean Lafaurie sont montés sur scène pour interpréter, devant une assistance debout et en larmes, un saisissant « Chant des Marais ».

Merci à Lili Laignel et à ses camarades de misère présents à Caen de poursuivre, inlassablement, leur œuvre de témoignage, de transmission et d’éveil des consciences.

Merci à Dominique Maugeais, Présidente de l’AFMD-14 et Arnaud Bouligny, de la FMD, d’avoir organisé ces exceptionnelles rencontres.

Crédit photos : Franck LECONTE

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