Notre Président d’honneur Jacques Duchez, est décédé le samedi 3 décembre 2022, à l’âge de 94 ans. La cérémonie religieuse organisée le vendredi 9 décembre 2022 en l’église Saint-Samson de Ouistreham s’est tenue en présence de nombreux compagnons, tristes et émus, venus témoigner leur profond attachement et leur indéfectible reconnaissance à leur cher Président fondateur. Entouré d’un nombre appréciable de porte-drapeaux du monde associatif combattant et mémoriel, le Président Franck Leconte a prononcé, au nom de tous nos compagnons, l’éloge funèbre suivant :

« Les Gaullistes de Normandie sont aujourd’hui en deuil : Jacques Duchez, ancien Président de Présence du Gaullisme de Basse-Normandie et Président fondateur de Fidélité Gaulliste de Basse-Normandie, vient de nous quitter.

Ses compagnons du comité Fidélité Gaulliste de Normandie, ceux qui sont venus saluer une dernière fois leur Président mais aussi tous ceux qui n’ont pu être physiquement présents pour des raisons de santé, de mobilité ou du fait d’obligations professionnelles s’inclinent avec respect, avec émotion, avec reconnaissance devant leur Président fondateur, homme de passion, de volonté et d’engagement.

Pour nous compagnons, le départ de Jacques Duchez vers l’autre rive, c’est un peu de notre ADN que l’on nous enlève.

Il fut en effet de tous les mouvements formés en soutien de l’action du Général de Gaulle, il fut de tous les combats menés pour la défense d’une certaine idée de la France et de la dignité de l’Homme, dans la guerre comme dans la paix, dans le Gaullisme d’opposition comme dans celui de gouvernement, dans les enjeux politiques locaux comme dans la grande action menée pour la préservation de l’héritage du Général, des principes et des valeurs qui fondent le Gaullisme.

La vie de Jacques Duchez aura été profondément orientée, marquée, inspirée dirais-je même, par Charles de Gaulle et ce, dès son plus jeune âge.

C’est en effet dès 1940, que ses parents René et Odette Duchez prennent part aux débuts de la Résistance, d’abord au sein de l’Armée des Volontaires, puis au sein de l’OCM à partir de 1942. En 1943, son père est chargé du 2ème Bureau (Renseignements) de la zone M1 du réseau Centurie ayant sa femme pour adjointe.

Dès ses 15 ans, sous le pseudonyme de « Facteur », Jacques Duchez aide alors ses parents dans leur importante activité de renseignement et d’aide aux aviateurs alliés abattus au-dessus de la région. Mais le 4 novembre 1943, sa mère est arrêtée par la Gestapo tandis que son père, menacé, doit entrer dans la clandestinité. Déportée le 18 avril 1944 à Ravensbrück, elle ne retrouvera la liberté qu’au printemps 1945. Début 1944, Jacques est quant à lui camouflé par son père dans une ferme à Fleury-la-Forêt (27).

Après-guerre, ses parents, auréolés de gloire (c’est son père qui a pris aux Allemands puis transmis aux services britanniques les plans du Mur de l’Atlantique), n’ont pas fait valider ses titres de combattant volontaire de la Résistance auprès des services de l’Etat mais Jacques Duchez a toutefois obtenu en mars 1948 un certificat d’appartenance aux FFI délivré par Léonard Gilles, Président du comité départemental de la Résistance du Calvados et une carte nominative attribuée par la Résistance du Calvados.

En septembre 1947, son patriotisme l’amène à vouloir servir les armes de la France, il s’engage alors dans l’armée de l’air ; il y restera jusqu’en 1958, date à laquelle il sera réformé pour invalidité. Après une reconversion, il entame dès 1959 une carrière civile qu’il terminera en 1983 en qualité de délégué au développement industriel pour les établissements de l’Ouest au sein de Thomson CSF Téléphone.

Toute sa vie, il gardera une farouche volonté de transmettre la mémoire de la Résistance normande, préserver l’héritage du Premier Résistant de France et affirmer, inlassablement, avec obstination, une pensée et une présence gaullienne en Normandie. Le 24 avril 1978, il est nommé membre d’honneur de l’Association des anciens de la Compagnie Scamaroni, en récompense de ses services méritoires.

7 ans plus tard, il adhère à l’Association Présence du Gaullisme de Basse-Normandie et devient le 27 septembre 1986 le Président de l’Association Présence du Gaullisme du Calvados. En janvier 1989, l’Association qu’il préside devient Présence du Gaullisme de Basse-Normandie (elle deviendra par la suite le comité Fidélité Gaulliste de Basse-Normandie).

Dès le début de sa présidence, il œuvre sans relâche avec l’aide de son fidèle compagnon, Jacques Tesnière, en faveur de l’édification d’une croix de Lorraine sur le rivage qui a vu le débarquement du Chef de la France combattante le 14 juin 1944. Grâce à sa force de conviction, son talent et sa pugnacité, cette croix – la deuxième par la hauteur après celle de Colombey-les-deux-Eglises – sera finalement inaugurée entre Graye et Courseulles-sur-Mer le 16 juin 1990 en présence notamment de l’Amiral Philippe de Gaulle, Pierre Messmer, Maurice Schumann, Raymond Triboulet et Jacques Chirac.

Depuis cette date, il organise soigneusement tous les 14 juin, une cérémonie commémorative au pied de cette croix de Lorraine afin de célébrer le retour de la République sur le sol métropolitain. La même année, il inaugure à Caen une stèle à l’effigie du Général de Gaulle et sera, depuis lors, l’artisan des célébrations commémoratives caennaises marquant, d’une part, l’Appel du Général de Gaulle, chaque 18 juin et, d’autre part, le décès du Général chaque 9 novembre.

Le 14 juin 2018, au pied de la croix de Lorraine de Graye-Courseulles et en présence de Laurent de Gaulle, petit-neveu du Général, j’avais eu l’honneur de lui remettre la médaille du Tourisme au titre de sa contribution majeure au tourisme de mémoire en Normandie.

Préoccupé par l’ardente nécessité de transmettre la mémoire gaullienne auprès des plus jeunes, Jacques Duchez fut à l’initiative de plusieurs actions pédagogiques au profit des scolaires du Calvados et sera nommé membre du jury départemental du concours national de la Résistance et de la déportation du Calvados. Pour lui, le Gaullisme devait toujours constituer une référence mais aussi et surtout une source d’inspiration, d’espérance et d’ardeurs nouvelles pour les jeunes générations en quête de sens.

Egalement impliqué dans la vie locale à Ouistreham-Riva-Bella, il assumera les fonctions de conseiller municipal de la commune durant 15 années.

Gardien et passeur de mémoire, Jacques Duchez a considérablement contribué à l’enrichissement du patrimoine mémoriel au sein de l’espace historique de la bataille de Normandie et à une meilleure connaissance de l’histoire de la Résistance normande dans le Débarquement ; son engagement patriotique particulièrement précoce et son œuvre mémorielle et associative témoignent de son attachement viscéral à un pays, la France, à un homme, Charles de Gaulle, à un idéal, celui que constitue l’esprit français, le courage, la volonté de s’opposer au défaitisme et à l’inaction et le souci constant de la dignité humaine.

Le comité Fidélité Gaulliste de Normandie salue son action au service de cet idéal et sa passion de servir et je me fais l’interprète de l’ensemble de nos compagnons pour présenter aujourd’hui à ses enfants, petits-enfants et à toute sa famille, nos condoléances attristées.

Cher Président, à chaque fois que les compagnons se réuniront au pied de cette belle croix de Lorraine que vous avez offerte à la Normandie et à la France, votre nom résonnera dans leurs cœurs.

Au revoir, Président, reposez maintenant en paix, nous sommes convaincus que vous allez rejoindre vos fidèles compagnons, ceux qui n’avaient qu’une ambition, qu’une volonté et qu’une raison d’être : le service de la France.

Je pense bien sûr aux plus illustres d’entre eux : les Pierre Messmer, Raymond Triboulet, Maurice Schumann mais aussi aux plus modestes et non moins fervents : les Jacques Tesnière, Mick Lespagnol, Jeanne Vérinaud-Barjaud et tant d’autres, hommes et femmes de bonne volonté, au cœur pur et fidèle, qui vous ont accompagné tout au long de l’aventure gaullienne et post-gaullienne, dans cette quête infinie pour la grandeur de la France et l’honneur d’un peuple.

Soyez assuré que ceux qui restent n’oublient pas et n’oublieront pas votre exemple, votre ferveur, votre abnégation, votre persévérance ; ils prennent l’engagement de poursuivre votre œuvre de préservation et de transmission de l’esprit et des valeurs du Gaullisme et de continuer à servir et non se servir.

Votre Flamme est éteinte, mais il reste autour de vous des braises et vos compagnons seront des braises ardentes. »

                                                                                                                                                                        Franck Leconte

Photos : Claude Marchetti.

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