Dans le cadre de l’année De Gaulle en 1990 qui a notamment marqué le centième anniversaire de sa naissance et le cinquantième anniversaire de l’Appel du 18 juin 1940, le comité Présence du Gaullisme de Basse-Normandie avait organisé, avec le soutien des services départementaux de l’Education Nationale du Calvados, un premier concours scolaire consacré à Charles de Gaulle pour les classes de lycées et de collèges, intitulé « L’Homme du 18 juin ».

 Lancée en octobre 1988, cette initiative pédagogique commune aux académies de Caen et de Dijon, s’est inscrite dans le cadre d’un partenariat avec le Centre d’études et de recherches Charles de Gaulle et c’est notre Compagnon, Michel BRETHENOUX, professeur de littérature et spécialiste reconnu de l’œuvre de Paul CLAUDEL, qui en était la véritable cheville ouvrière.

 Les prix décernés aux lauréats avaient été remis au Mémorial de Caen, le 18 juin 1991, dans le cadre d’une belle cérémonie officielle qui a certainement marqué les esprits des jeunes participants partis sur les traces du Général de GAULLE.

 Le comité est heureux de vous faire partager aujourd’hui, trente ans après cette heureuse initiative, deux de ces travaux avec le texte d’Alain GUILLAUME, du lycée Allende de Caen, lauréats du premier prix et celui de Sophie LORIS-CHETEL et de Stéphane CHERLOUX, de l’Institution Saint-Joseph de Caen, lauréats du prix spécial.

 Texte d’Alain GUILLAUME, du lycée Allende de Caen

 « La croix de Lorraine a une origine très célèbre : la crucifixion du Christ. Elle représenterait la croix elle-même et la planchette sur laquelle était inscrit : « Iesus Nazarenus, Rex Iudaeorum ».

 Symbolisant les reliques de la Croix, elle alla jusqu’à Byzance. Elle parvint en France au XIIIe siècle, ramenée paraît-il par un chevalier angevin. La Croix devient Lorraine par mariage et servit ensuite de signe de ralliement aux Nancéens dans leurs guerres contre les Bourguignons, aux catholiques pendant les guerres de religion et aux Lorrains pendant l’Occupation allemande.

 On le voit, cette croix avait déjà une longue histoire lorsque le vice-amiral Muselier la proposa au Général de Gaulle pour désigner les F.F.L.

 Elle avait de plus une symbolique assez importante puisqu’elle représentait déjà la persécution, le sacrifice, la foi et le patriotisme. Mais elle connote aussi l’espoir et la résurrection. Tout cela ne pouvait que convenir à l’épopée gaullienne et Monsieur Muselier devait le savoir en proposant cet insigne. Mais l’histoire ne le dit pas.

 Quoi qu’il en soit, de l’aventure gaullienne la croix de Lorraine tira une nouvelle signification puisqu’elle éveilla en nous non seulement le souvenir de son sens premier mais aussi et surtout, elle évoque pour nous un homme : Charles de Gaulle, et son œuvre.

 Les croix de Graye-sur-Mer et Colombey rappellent bien cette œuvre du Général, elles se dressent comme des emblèmes du passé au milieu du présent ordinaire pour nous rappeler que le mythe gaullien échappe au musée.

 Nous devons peut-être cette survie à l’actualité du message transmis par le Général. Celui-ci était fondé sur les idéaux moteurs de la paix, la liberté, la justice, la croyance en l’Homme et en la vie. Ces choses si simples qui paraissent aujourd’hui utopiques. C’est sûrement d’ailleurs parce que nous manquons de toutes ces valeurs, de tous ces constituants du bonheur que nous espérons encore et que nous voyons dans les thèses gaulliennes une issue à notre situation.

 Que dire, en effet, d’un monde où les libertés les plus élémentaires sont encore bafouées dans beaucoup de pays (et même en des endroits dits « civilisés), où la justice (nous le voyons tous les jours) n’est souvent qu’une notion vague et donc pas ou mal appliquée ? Que penser encore de notre monde si « moderne », où la technologie tient une place de plus en plus importante au détriment de l’Homme lui-même ?

 Devant ces constatations, nous sommes obligés de nous référer à des thèses qui nous concernent tous : les idées gaulliennes, qui comme nous l’avons vu nous montrent le but à atteindre : le bonheur.

 Et cela dépend peut-être aussi de nous. Après tout, il ne faut sûrement pas se contenter d’admirer les objectifs du Général, et de les considérer comme des utopies. Il est sûr qu’en faisant tout pour promouvoir ces rêves, ils deviendront réalité. Et nous y avons tous intérêt car cela nous assurerait un monde meilleur et l’aboutissement d’idées que nous avons tous en nous. Cela nous prouve que le Général de Gaulle est encore en chacun de nous, comme si une part de notre conscience lui appartenait.

Ce sont toutes ces valeurs que nous rappellent les deux croix de Lorraine érigées en l’honneur du Général. Leur évocation devrait nous rappeler ces devoirs…

Mais ces idées gaulliennes sont aussi dans la symbolique de la croix de Lorraine. Un chercheur vit dans l’axe central la représentation du méridien et dans les barres latérales, il imagina les lignes solsticiales. La croix de Lorraine ne serait donc qu’une représentation du cycle du temps avec la saison froide (la mort de la nature) et la saison chaude (la renaissance de la nature). Cette vision apporterait à la croix de Lorraine une notion d’espérance, tout comme les idées gaulliennes nous font rêver. Le Général de Gaulle ne disait-il pas pendant la lutte contre les nazis : « Immobile au fond des ténèbres, je pressens le merveilleux retour de la lumière et de la vie ».

Cette coïncidence nous prouve qu’au-delà de sa double traverse, la croix de Lorraine entretient une sorte de dualité avec le Général de Gaulle, l’un n’existant pas aujourd’hui sans l’autre. Ils sont donc entrés tous les deux dans la légende. »

Le texte en vers ainsi que le dessin de Sophie LORIS-CHETEL et de Stéphane CHERLOUX, tous deux membres du club d’histoire du collège Saint-Joseph de Caen, figure dans le document ci-dessous.

Photo de Michel Brethenoux (à gauche sur la photo, aux côtés de François Baroin).
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