Dimanche 5 février 2023, une cérémonie marquant le quarantième anniversaire du décès du Président Henri Buot, s’est déroulée au cimetière Saint-Gabriel à Caen dans une ambiance empreinte de recueillement et de reconnaissance.

Emmenée par un détachement d’une dizaine de porte-drapeaux du monde combattant dirigé par notre fidèle Compagnon Jean-Claude Lebret, une délégation de notre comité Fidélité Gaulliste de Normandie s’est rendue au cimetière Saint-Gabriel à Caen, le dimanche 5 février 2023 à onze heures, devant la sépulture d’Henri Buot, résistant déporté, député du Calvados et premier Président de Présence du Gaullisme de Basse-Normandie, afin de lui rendre hommage dans le cadre du quarantième anniversaire de son décès.

Le comité Fidélité Gaulliste remercie particulièrement de leur présence Fabrice Le Vigoureux, député du Calvados et Morgan Taillebosq, représentant Joël Bruneau, maire de Caen.

Après une allocution prononcée par le Président Franck Leconte, des gerbes ont été déposées sur la tombe de notre premier Président et une vibrante Marseillaise interprétée a capela a ponctué l’hommage des Compagnons.

Voici le texte de l’intervention du Président Franck Leconte :

« 5 février 1983, le Dr Henri Buot, notre Compagnon des temps héroïques du Gaullisme de guerre, notre premier Président, nous quittait à l’âge de 74 ans après une existence qui fait sens, une vie consacrée aux autres, au Général de Gaulle, à la France.

Aujourd’hui, 5 février 2023, 40 ans jour pour jour après son décès, une délégation de Compagnons de Fidélité Gaulliste de Normandie a souhaité se rassembler autour de sa sépulture, afin d’évoquer son nom, afin de lutter contre l’oubli, afin de lui rendre hommage et de nous imprégner de son Histoire, de faire vivre l’esprit et les valeurs qui l’ont conduit sur le chemin du service, du dépassement de soi, de l’Honneur.

Henri Buot naît le 15 juillet 1908 à St-Martin-des-Besaces. Après avoir fait des études de médecine à Caen, il installe son cabinet dans cette ville dès 1934.

Comme beaucoup, il ressent un véritable choc à la vue des troupes allemandes entrant à Caen à la mi-juin 1940. Cette présence lui devenant de plus de plus insupportable, il ne tarde pas à œuvrer, en sa qualité de médecin, au profit de ceux qui luttent déjà contre l’Occupant et à rejoindre les rangs de la Résistance. 

Odette DUCHEZ, chef du Service de Renseignements du Réseau « Centurie » indique que « dès 1942, les réfractaires au STO ou les membres de la Résistance obligés de se cacher, pouvaient s’adresser au Dr Buot en cas de besoin en toute sécurité ».

M. de MOREL déclare quant à lui : « le Dr Buot a sur simple demande de ma part consulté M. Roger FRENAIS de COUTARD qui venait d’arriver chez moi à VILLONS LES BUISSONS et qu’il l’a lui-m transporté à la clinique St-Martin à Caen pour continuer à le traiter jugeant qu’il n’était pas possible de le faire chez moi à cause des soins assidus à lui prodiguer.

Le Dr Buot avait été mis au courant par moi de la situation de M. de COUTARD qui était arrivé chez moi alors qu’il était poursuivi par la Gestapo de Rouen. Il n’a pas hésité à prodiguer ses soins au malade et l’a fait pendant tout le temps qu’il est resté à la clinique, caché sous le nom d’emprunt de Roger FRENAIS.

Il a fait appel à deux confrères qui ont été mis au courant de la situation irrégulière de leur malade. Le Dr Buot a traité « M. FRENAIS » depuis juin 1942 jusqu’à son décès en février 1943. Et, lorsque sollicité de donner sa note d’honoraires, il a déclaré qu’il ne lui était rien dû. C’est donc avec le plus complet désintéressement de sa part qu’il a pendant toute la durée du traitement encouru tous les risques qui le menaçaient, à cause même de l’état nerveux du malade qui le faisait bavarder à tort et à travers, et raconter son histoire à toutes les personnes qui l’approchaient pour les soins ou les transfusions de sang ».

Louis GERMAIN, réfractaire, déclare : « Lors de ma désignation pour partir en Allemagne au début de janvier 1943 au titre du STO, le Dr Buot, médecin de ma famille depuis 1934, m’a délivré un certificat médical d’incapacité de travail, lequel m’a évité de justesse mon départ ».

Michel de BOÜARD, responsable régional du Front National, a lui aussi connu les activités résistantes du Dr Buiot dès l’année 1942. Il déclare : « Il n’est pas surprenant que les Allemands aient eu connaissance de ces activités, qui étaient de notoriété publique : elles n’eussent pu demeurer secrètes que grâce à une extrême discrétion de la part des personnes à qui le Dr Buot rendait service. Il était, en particulier, connu comme le médecin à qui pouvaient s’adresser en toute sécurité les militants de la Résistance vivant dans la clandestinité, avec de faux-papiers. Je sais que, d’accord avec ses chefs, Jacques SOCHA, membre des F.T.P.F, blessé assez sérieusement au cours d’une action contre les Allemands, décida de se confier au Dr Buot ; et si SOCHA ne put être opéré à Caen, c’est seulement parce que le chirurgien pressenti et à qui le Dr Buot devait servir d’assistant, refusa ».

Le Comte Henri de NOBLET, Maire de Grangues, se trouvait quant à lui chez le Dr Buot lorsque celui-ci fut arrêté par les Allemands :

 « Le 19 avril 1944, je déjeunais chez lui en compagnie de ma belle-mère, Mme de MAQUILLE, et du Dr SAGLIO, qui était alors installé à BAVENT.

 A la fin du repas, on vint prévenir le Dr que 3 hommes demandaient à le voir, pour une consultation. Il quitta donc la table pour se rendre dans son cabinet. ¼ d’heure après, il revint escorté de ces 3 hommes, et nous dit : « Ce sont des agents de la Gestapo qui viennent pour m’arrêter ». L’un de ces Allemands tenait constamment sa main dans une poche, prêt à tirer un révolver. »

D’abord interné à la maison d’arrêt de Caen le 19 avril 1944, il est déporté le 17 mai 1944 au camp de concentration d’Aurigny, dans les îles anglo-normandes. Ouvert en 1941 au profit de l’Organisation Todt qui y entame des travaux de fortification pour lesquels elle a besoin d’une importante main-d’œuvre, ce camp qui est un satellite de celui de Neuengamme va jusqu’à regrouper 5 000 concentrationnaires ; on y trouve des Ukrainiens, des Soviétiques, des Républicains espagnols, des Juifs français et des Normands hostiles aux Allemands. La nourriture y fait cruellement défaut, les journées de travail de treize heures sont harassantes, la répression est impitoyable, les pendaisons trop nombreuses.

Durant la Bataille de Normandie et après la prise de Cherbourg par les Américains, les détenus d’Aurigny sont transférés sur le continent pour être ensuite expédiés en Allemagne.

Cependant, Henri Buot parvient à s’évader le 29 juillet 1944 de l’Hôpital Cochin à Paris où il avait été placé suite à une maladie contractée durant sa déportation, et à se camoufler.

Après-guerre, il reprend son activité de médecin généraliste à Caen; mais s’il est médecin par vocation, il est Français par passion et Gaulliste par conviction et il ne peut faire autrement qu’agir pour soutenir le projet de redressement national proposé par le Général de Gaulle ; il entame alors une carrière politique, brillante, au service de sa chère Normandie, de la France et bien sûr du Général de Gaulle.

Il exercera notamment les mandats de maire adjoint de Caen de 1953 à 1959, Conseiller général de Caen-Est de 1961 à 1973 et député de la première circonscription du Calvados le 30 novembre 1958, peu après l’avènement de la Ve République. Il restera député jusqu’en 1973, date de sa défaite par 500 voix face à Louis Mexandeau.

En 1970, à la demande de Pierre Messmer, Président national de Présence du Gaullisme, fondée le 6 mai 1969, Henri Buot crée à Caen « Présence du Gaullisme du Calvados » puis quelque temps plus tard, étend le périmètre de l’Association à l’ensemble de la Basse-Normandie.

Nous sommes aujourd’hui, chers Compagnons, les fiers porteurs de cet héritage.

C’est le 17 juillet 1969, lors de l’entretien de Pierre Messmer avec le Général, que celui-ci lui donne son aval pour développer l’Association « Présence du Gaullisme » dans le sens d’une gde association nationale : « Vous serez », lui a-t-il écrit plus tard, « le ferment dans la pâte ».

L’objectif est d’assurer l’affirmation d’une certaine idée de la France développée par le Général et la défense dans cet esprit, d’une politique d’indépendance nationale, de modernisation de la démocratie, de réformes économiques et sociales, dans le cadre des institutions de la Cinquième République.

Après le départ du Général, l’idée est bien de veiller scrupuleusement à ce que l’héritage Gaulliste soit préservé. Pierre Messmer souhaite faire de Présence du Gaullisme une grande Association nationale appuyée sur une influente amicale parlementaire, laquelle sera d’ailleurs présidée par Hubert Germain, le dernier des Compagnons de la Libération, décédé en 2021.

Il s’agit de rappeler les grands principes du Gaullisme, chaque fois qu’ils sont menacés. Il s’agit de faire vivre la pensée du Général, sa philosophie, sa métaphysique.

Aujourd’hui, nous autres, Compagnons de Fidélité Gaulliste de Normandie, affirmons vouloir nous inscrire pleinement dans cet héritage et rendre hommage à notre Président Henri Buot, qui a servi la France et le Général avec courage, avec abnégation et avec clairvoyance.

Nous nous inclinons avec respect et avec reconaissance devant le chemin qu’il a choisi d’emprunter, celui de l’effort, de l’intérêt général, de la fidélité.

Nous nous inclinons avec recueillement et avec émotion devant sa sépulture et celle de son épouse, Marie-Antoinette Buot.

Aujourd’hui, 5 février 2023, les Compagnons de Fidélité Gaulliste de Normandie prêtent le serment de ne jamais laisser en déshérence l’Idéal Gaulliste que le Dr Henri Buot a tant servi. »

 Crédits photographiques : Claude Marchetti.

 

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