A l’invitation de François Auber, Maire de Saint Jouin de Bruneval (Seine-Maritime), une délégation de notre comité Fidélité Gaulliste de Normandie a participé à la cérémonie officielle marquant le 80e anniversaire de l’opération « Biting », le dimanche 26 juin 2022. Cette manifestation qui s’inscrivait sous le haut patronage du Président de la République était également placée sous la présidence d’honneur de Monsieur Edouard Philippe, Maire du Havre et ancien Premier Ministre. Madame Véronique Peaucelle-Delelis, Directrice générale de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre, participait également à l’événement.

L’opération « Biting » (« morsure » en anglais) est un raid interarmées mené dans la nuit du 27 au 28 février 1942 par la RAF (Royal Air Force), une unité de 119 parachutistes britanniques et canadiens commandée par le Major John Frost, la Royal Navy et des commandos. Elle avait pour objectif de se saisir des principaux éléments d’un radar allemand encore totalement inconnu des services alliés, situé à Bruneval, sur la falaise de La Poterie – Cap d’Antifer.

Ce raid, comme ceux qui ont suivi à Saint-Nazaire et à Dieppe notamment, est la préfiguration de l’opération Overlord, le 6 juin 1944. Il connaît un très fort retentissement car c’est la première opération interarmées alliée en France occupée. Sa préparation, extrêmement rigoureuse, précise et intensive pour les hommes qui apprennent d’ailleurs par cœur tous les détails du terrain, a été menée en lien étroit avec la Résistance intérieure ; c’est le réseau « Confrérie Notre Dame » de Gilbert Renault, alias Colonel Rémy, qui a fourni les précieux renseignements aux Alliés pour assurer son succès.

L’assaut a été conforme aux plans, bref mais violent, faisant 8 morts du côté britannique et 27 en ce qui concerne la défense allemande.

Parvenant à ramener du matériel allemand, les Britanniques pourront plus tard connaître les fréquences utilisées par l’Occupant et brouiller ainsi d’autres radars, permettant d’assurer une plus grande sécurité aux bombardiers alliés lors de leurs missions au-dessus des territoires ennemis ou occupés.

Ce site mémoriel de la Seconde Guerre mondiale est également devenu, au fil du temps, un haut lieu de la mémoire gaullienne en France. Situé en haut des falaises impressionnantes de craie de la côte d’Albâtre, le premier Mémorial de Bruneval fut en effet inauguré par le Général de Gaulle le 30 mars 1947, en présence de plusieurs dizaines de milliers de combattants volontaires de la Résistance, de Français Libres et de déportés de la Résistance, fidèlement rassemblés pour l’occasion autour de leur chef et au milieu d’un océan formé par les drapeaux de leurs associations respectives.

Démissionnaire du Gouvernement provisoire de la République française le 21 janvier 1946, le Général de Gaulle a conservé un long mutisme entre novembre 1946 et mars 1947. Son intervention prévue à Bruneval est donc très attendue.

Dans son discours qui est annonciateur de la prochaine fondation du Rassemblement du Peuple Français (RPF) – qui sera effectivement annoncée le 7 avril suivant Place de Broglie à Strasbourg – le Général rend hommage à la Résistance « une et indivisible » qui est en fin de compte « la Défense nationale ! Qu’elle combattît comme elle pouvait, à Bruneval ou à Bir-Hakeim, aux Glières ou en Tunisie, au Vercors ou en Italie, qu’elle luttât dans les rangs de nos troupes des maquis ou dans ceux de nos grandes unités débarquées sur nos côtes, ou sur les mers, ou dans le ciel, qu’elle servît à découvert dans chacune des activités de nos territoires libérés ou en secret dans les foyers, fermes, ateliers, syndicats, administrations, groupements, de notre sol envahi, qu’elle s’exprimât aux postes radio de Londres, de Brazzaville et d’Alger ou dans les tracts et journaux clandestins, elle était l’effort de guerre de la Nation luttant pour sa vie et celle des autres».

Il profite aussi de l’occasion qui lui est donnée pour dénoncer un parti communiste qui se donne pour le « parti des 75 000 fusillés » et qui tente grossièrement de s’accaparer à lui seul la gloire de la Résistance : « Ce qui veut dire que toute tentative de piller ce bien national ne saurait être tolérée. Telles ambitions et surenchères partisanes, qui prétendent se l’attribuer en tout ou en partie sont vulgairement sacrilèges ».

Il est aussi question du salut de la France, de son redressement, de sa grandeur et de la nécessaire rénovation de ses institutions.

Enfin, il conclue son propos en mettant en exergue un point essentiel, qui est celui de l’unité nationale : « Notre Peuple porte de graves blessures, mais il suffit d’écouter battre son cœur malheureux pour connaître qu’il entend vivre, guérir, grandir. Le jour va venir où, rejetant les jeux stériles et réformant le cadre mal bâti où s’égare la Nation et se disqualifie l’Etat, la masse immense des Français se rassemblera sur la France »

Au cours de l’année 1975, intervient un deuxième aménagement du site qui sera inauguré le 22 juin de la même année et complété deux ans plus tard par l’escalier Charles-de-Gaulle dans lequel sera scellée une pierre de granit provenant du camp de concentration de Mathausen. Le 24 juin 2012, le nouveau Mémorial est créé et inauguré par Kenneth Holden, l’un des derniers vétérans du raid, qui fut mitrailleur sur l’un des motor guns boats, chargés de rapatrier les troupes aéroportées à l’issue de la mission. Pour compléter la scénographie du site, ce 80e anniversaire a été l’occasion de le doter d’une nouvelle pièce avec la reconstitution d’une barge de débarquement britannique.

En début de cérémonie, laquelle était rehaussée par la présence de troupes aéroportées britanniques (2nd Battalion Parachute Regiment), de marins et d’aviateurs français ainsi que de trois bâtiments de la Royal Navy croisant au large, plusieurs personnalités ont pris successivement la parole : Monsieur François Auber, Maire de Saint-Jouin de Bruneval, Monsieur Edouard Philippe, maire du Havre et ancien Premier Ministre, Madame Menna Rawlings, Ambassadrice du Royaume-Uni en France et Monsieur Pierre-André Durand, Préfet de la région Normandie, Préfet de Seine-Maritime.

A noter également la présence de très nombreux porte-drapeaux venus essentiellement de toute la Seine-Maritime mais aussi, dans une proportion moindre, du département du Calvados ; quatre d’entre eux, dûment sélectionnés par les organisateurs, étaient installés dans l’escalier du Mémorial, dont notre Compagnon, le capitaine (ER) Patrick Boiton, qui avait l’honneur d’arborer pour l’occasion le drapeau historique de l’Amicale du Calvados des Réseaux de la France Combattante, emblème qui était présent lors du rassemblement de Bruneval, le 30 mars 1947. Tout un symbole.

Outre Patrick Boiton, précité, la délégation de Fidélité Gaulliste de Normandie était composée de Franck Leconte, Président, Jacqueline Baruffolo, vice-présidente, Evelyne Loiselet, trésorière adjointe, Yann Vaugeois, porte-drapeau et son épouse, Aude Marie, du capitaine (ER) Daniel Granotier, par ailleurs Ambassadeur honoraire du Régiment de la Chaudière en France et Elisabeth, son épouse, Roger Annezo, par ailleurs délégué départemental du Mouvement Initiatives et Liberté du Calvados, Claude et Nicole Marchetti, Patrick Maugard et Valérie Rapeaud-Leconte. Enfin, dans la fonction de maître de cérémonie exercée avec assurance et brio, notre Compagnon Yves Lecuziat, par ailleurs Member of the Order of the British Empire et Président exécutif de l’Association du Mémorial de la 3e Brigade parachutiste britannique, assurait les commentaires de la commémoration et veillait scrupuleusement à son parfait déroulement.

Le cérémonial, riche et à la hauteur de l’événement célébré, comportait notamment un ravivage de la Flamme sacrée, un lâcher de 120 colombes symbolisant les parachutistes de l’opération ainsi qu’en parfaite conformité avec la tradition britannique, un temps religieux célébré par l’aumônier du Parachute Regiment britannique. Enfin, de nombreuses couronnes et gerbes ont été remises au pied du Mémorial, parmi lesquelles la croix de Lorraine fleurie de notre comité, déposée par le Président, Franck Leconte, avant que ne retentissent la sonnerie aux Morts puis les hymnes nationaux.

Le 80e anniversaire de l’opération « Biting » a été à la hauteur de la reconnaissance que nous devons aux troupes d’élite alliées qui ont mené ce raid périlleux et aux membres courageux des réseaux de la Résistance intérieure qui ont permis, grâce à leur action de renseignement, son succès total.

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  • Crédits photos Claude et Nicole Marchetti
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