Caen, le 18 juin 2021

Le 18 juin 2021, sous un crachin normand, se tenait devant notre stèle de la Place Gambetta à Caen, la cérémonie marquant le 81e anniversaire de l’Appel du 18 juin 1940 en présence des autorités civiles et militaires, des lauréats ayant obtenu les premiers prix aux épreuves départementales du concours national de la Résistance et de la déportation (CNRD) ainsi que d’une délégation restreinte du monde associatif combattant, compte tenu de la situation sanitaire.

Après une brillante lecture de l’Appel historique lancé par le Général à la BBC le 18 juin 1940 par  Armand SUDROT, élève du lycée Charles-de-Gaulle à Caen,               Franck LECONTE prononçait, au nom du comité Fidélité Gaulliste, l’allocution dont le texte est reproduit ci-dessous, laquelle était consacrée au discours prononcé par le Général le 18 juin 1941 ainsi qu’au premier anniversaire de la création de la France Libre. Pour ponctuer les prises de paroles, M. Philippe COURT, Préfet du Calvados a donné lecture du message ministériel de Madame Geneviève DARRIEUSSECQ, Ministre délégué auprès de la Ministre des armées, chargée de la mémoire et des anciens combattants, à l’occasion de cette journée nationale commémorative.

A l’issue des gerbes étaient déposées par les autorités civiles : M. Philippe COURT, Préfet du Calvados, M. Fabrice LE VIGOUREUX, Député du Calvados, M. Joël BRUNEAU, Maire de Caen, M. Marc MILLET, Conseiller régional et Mme Sophie SIMONNET, Conseillère départementale ; la gerbe du comité Fidélité Gaulliste a quant à elle été conjointement déposée par les vice-présidents, Jacqueline BARRUFOLO et Franck LECONTE. Après la sonnerie aux Morts et la Marseillaise interprétés par l’orchestre d’harmonie « La Fraternelle », les autorités civiles et militaires ont remercié les porte-drapeaux du monde combattant, au nombre desquels figurait Yann VAUGEOIS, notre fidèle porteur des couleurs de Fidélité Gaulliste, et félicité les lauréats départementaux du concours. 

Texte de l’allocution prononcée par Franck LECONTE :

« Si nous sommes rassemblés aujourd’hui pour célébrer l’anniversaire de l’Appel historique du Général de GAULLE à refuser la défaite et à poursuivre le combat contre l’ennemi – acte politique majeur autour duquel celles et ceux qui ont encore foi en la France vont se regrouper, se fédérer, s’organiser – il est aussi un anniversaire qui aurait pu passer inaperçu, c’est celui marquant le 80e anniversaire du discours prononcé par le Général un an plus tard, le 18 juin 1941, devant le Comité national français (CNF) d’Egypte et diffusé lui aussi par la radio de LONDRES.

Le 18 juin 1941, un an s’est écoulé depuis cette journée du 18 juin 1940, à la fois terrible et extraordinaire, où l’avenir d’un Peuple a procédé d’un seul homme. La France Libre célèbre à cet égard le premier anniversaire de sa création.

En juin 1941, Charles de GAULLE n’est plus un inconnu ni un homme seul ; son pari fou du 18 juin 1940 n’est pas encore gagné, loin s’en faut. Mis à la retraite d’office, sous le coup d’un mandat d’arrêt, tous ses biens confisqués, condamné à mort par le Gouvernement de VICHY, le Général, déterminé, inflexible, pur et fidèle à la Patrie, continue la lutte, avec ardeur, avec passion, avec la foi de l’Homme juste ; il est déjà, dans le cœur de beaucoup de Français, l’âme de la France.

Des drames et des échecs, il en a pourtant connu et non des moindres en un an de lutte sans répit : des drames personnels avec le décès de sa mère, Jeanne de GAULLE, le 16 juillet 1940 à PAIMPONT sans même que ce fils tant aimant puisse faire à sa mère le dernier adieu et des drames nationaux comme la destruction par les Britanniques de la flotte française alors au mouillage à MERS-EL-KEBIR le 3 juillet 1940 et surtout l’échec de la tentative de ralliement des territoires de l’Afrique occidentale française (AOF) à DAKAR le 23 septembre 1940, où, pour la première fois, des Français se battent contre des Français, des balles françaises déchirent des poitrines françaises.

Et pourtant, la cause de la France Libre progresse sans cesse et partout, grâce au courage indomptable des premiers « Free French ». Le 14 juillet 1940, le Général passe en revue les premiers contingents des FFL qui défilent dans LONDRES. Parmi eux, un jeune homme qui n’a alors que 17 ans, Léon GAUTIER, notre Héros de Ouistreham, dernier survivant du Commando KIEFFER, qui se fait d’ailleurs remettre très symboliquement ce matin le collier de Grand Officier de la Légion d’Honneur par le Président de la République.  

De juin 1940 à juin 1941, les ralliements des territoires s’intensifient (ce seront les Nouvelles Hébrides, le Tchad, le Cameroun, le Congo, l’Oubangui-Chari, la Polynésie, la Nouvelle Calédonie, le Gabon) si bien qu’une partie importante de l’Empire est déjà gaulliste. Les premières batailles et déjà les premières victoires viennent laver l’affront de juin 40 : ce sont les premières missions des aviateurs français sur le territoire du Reich le 23 juillet 1940 ou encore la prise de l’oasis italienne de Koufra le 1er mars 1941 et le fameux serment du Général LECLERC. Le 8 juin 1941, les opérations menées au Levant ont débuté, aux côtés des Britanniques et des Australiens, entraînant, là encore, des combats fratricides entre Français.

La Résistance commence à s’organiser un peu partout. En plusieurs endroits de France, des manifestations patriotiques se tiennent, au nez et à la barbe de l’occupant, comme à Caen, où des étudiants viennent rendre hommage aux Combattants de la Grande Guerre devant le Monument de la Place Foch, face à la Feld kommandantur.

Partout, des actions, grandes ou petites, sont menées. Bernard DUVAL, qui sera en 1944 déporté pour faits de résistance, entame dès 1940 (il n’a que 15 ans) une campagne de collage d’affichettes à croix de Lorraine dans Caen. En avril 1941, deux jeunes caennais, Jean HEBERT et Denys BOUDARD, volent un avion allemand à l’aéroport de la Luftwaffe à CARPIQUET et réussissent à gagner le Royaume-Uni à son bord pour rejoindre les Forces aériennes françaises libres.

La reconnaissance internationale de De GAULLE grandit elle aussi (ainsi, dès le 7 août 1940, la France Libre est reconnue par la Grande-Bretagne et le 27 octobre 1940 est créé le Conseil de Défense de l’Empire) mais les obstacles placés sur sa route ne manqueront pas et viendront de toutes parts ; de l’ennemi bien sûr, secondé par les gens de VICHY tellement zélés à défaire la France et abattre la République mais aussi, de façon plus insidieuse, par des Alliés, qui ne jouent pas toujours franc jeu avec la France Libre.

Le 18 juin 1941, c’est donc un homme qui n’a connu aucun répit depuis un an mais qui reste extrêmement combatif, ayant le sentiment de porter sur ses épaules, le salut de la France, l’Honneur d’un Peuple, la dignité de l’Homme, qui va de nouveau parler aux Français.

C’est encore une fois la radio de LONDRES qui lui en donne l’occasion. Ecoutons les paroles prononcées par le Général :

« Le 17 juin 1940 disparaissait à Bordeaux le dernier Gouvernement régulier de la France. L’équipe mixte du défaitisme et de la trahison s’emparait du pouvoir dans un pronunciamento de panique. Une clique de politiciens tarés, d’affairistes sans honneur, de fonctionnaires arrivistes et de mauvais généraux se ruait à l’usurpation en même temps qu’à la servitude. Un vieillard de 84 ans, triste enveloppe d’une gloire passée, était hissé sur le pavois de la défaite pour endosser la capitulation et tromper le Peuple stupéfait.

Le lendemain naissait la France Libre.

Une année a passé, dans le combat, la douleur, l’espérance. Pas un seul jour nous n’avons cessé de marcher vers le but que nous a fixé le devoir : faire rentrer dans la guerre l’Empire et la France, pour libérer la Patrie et contribuer à sauver la Liberté du monde. Grâce à nous, des territoires français, des forces françaises, des pensées françaises, ont recommencé de jouer un rôle digne de notre pays. Nous nous sommes forgés par l’Union, le courage et le désintéressement de tous nos chers Compagnons, un instrument de combat que rien ne pourrait briser. Surtout, nous avons ranimé l’esprit de Résistance de la France et rassemblé les espoirs d’une immense majorité nationale.

Certes, la route est dure et sanglante. L’ennemi sait quelle importance décisive revêt, dans cette lutte nationale, mondiale et morale, le redressement de la France contre lui. Il recourt, pour l’empêcher, aux mêmes gouvernants que leur déshonneur a mis à sa discrétion. Afin d’assurer la couverture de l’ennemi, ces gens-là n’emploient pas seulement l’abominable appareil de terreur et de mensonge qu’ils ont emprunté à leurs maîtres, mais encore, abusant de la servitude militaire, ils vont jusqu’à nous opposer les poitrines de certaines troupes professionnelles.

Le monde a frémi d’horreur en apprenant que les gens de Vichy faisaient combattre contre nous et contre nos Alliés des soldats de l’Empire en combinaison avec des escadrilles allemandes, dans le but de garder au Levant une tête de pont aux armées du Führer.

Une pareille machination porte la signature d’Hitler. Il est de l’essence même de ce diabolique génie d’utiliser pour sa guerre la dégradation des autres. Mais rien, est il besoin de le dire ? ne peut affermir davantage les Français Libres dans leur volonté d’arracher leur pays à sa domination et de lutter de toutes leurs forces aux côtés de ceux qui ont juré de la briser. En ce moment, devant Damas comme au Tchad, en Libye, en Abyssinie, sur toutes les mers et dans tous les ciels, nos soldats, nos marins, nos aviateurs, en fournissent glorieusement la preuve.

Jusqu’à la mort ou jusqu’à la Victoire, nous resterons liés dans cette guerre de libération à l’admirable Empire britannique, dont Winston CHURCHILL incarne magnifiquement la puissance et la résolution. Nous resterons unis à tous nos Alliés d’Europe, aujourd’hui submergés dans leur territoire, mais intacts dans leur âme et belligérants. Nous resterons en communion avec la juste Amérique qui, sous la direction de son grand Président ROOSEVELT, a décidé de faire en sorte que le Bien triomphe du Mal. Par-dessus tout, nous resterons fidèles à la France, à son Honneur, à sa grandeur, à sa destinée.

La France, avec nous ! »

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crédits photos Claude MARCHETTI

  • Ligne protocolaire
  • Discours de Franck LECONTE, derrière lui, notre ami Thomas POUTY, directeur du SD ONACVG et notre Compagnon Jean-Claude HEBERT, porte-drapeau de l’ADIRPFD
  • Remerciements du Préfet et du Maire de Caen à Yann VAUGEOIS, notre porte-drapeau
  • Notre Compagnon Claude BARRUFOLO, trésorier et notre ami Bernard DUVAL, Résistant déporté
  • La délégation de La Fraternelle
  • Dépôt de notre croix par Jacqueline BARRUFOLO et Franck LECONTE
  • Dépôt de la gerbe par le Préfet du Calvados
  • Les gerbes déposées devant notre stèle
  • Notre Compagnon Patrice HEBUTERNE
  • Nos Compagnons Jean-Claude LEBRET et Jean-Claude HEBERT
  • Nos Compagnons Jean-Claude LEBRET et Daniel GRANOTIER, ambassadeur honoraire du Régiment de La Chaudière
  • Nos amis, Patrick NICOLLE, conseiller municipal délégué de Caen et le Colonel Christophe JUNQUA, Commandant le Groupement départemental de gendarmerie
  • Nos Compagnons, M et Mme VILLETTE
  • Une partie de l’équipe de la Direction des relations publiques de la mairie de Caen, Valérie RAPEAUD et Estelle AUDURIER
  • Notre ami, Le colonel Thierry NOULENS, Délégué militaire départemental
  • Notre drapeau de Fidélité Gaulliste aux côtés du drapeau des Français Libres
  • Les drapeaux ACPG-CATM, FNACA et Souvenir Français autour de la stèle
  • Dépôt de la croix de Lorraine par Jacqueline BARRUFOLO et Franck LECONTE
  • Lecture du message ministériel par le Préfet du Calvados
  • Lecture de l’Appel du 18 juin par Armand SUDROT, du lycée Charles-de-Gaulle de Caen
  • Les gerbes.
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