Le 18 juin 2020 à onze heures, à l’occasion du 80e anniversaire de l’Appel historique du Général de GAULLE à refuser la défaite et à poursuivre le combat contre l’ennemi, une cérémonie était organisée devant la stèle du comité Fidélité Gaulliste, place Gambetta à Caen, en présence de nombreuses autorités civiles et militaires départementales. Mme Valérie RAPEAUD, directrice des relations publiques et du protocole de la Mairie de Caen, assurait la maîtrise de cette cérémonie officielle.

 Malheureusement, compte tenu des exigences sanitaires liées à la pandémie, nos Grands Anciens du gaullisme héroïque des temps de guerre, n’ont pu être physiquement présents mais ils étaient avec nous par le cœur et la pensée. Ainsi, de grandes et belles photos d’eux ont été placées à proximité de notre stèle par les services de la préfecture du Calvados ainsi qu’une imposante représentation photographique du Général de GAULLE en juin 1940, réalisée et installée par la Mairie de Caen. Un grand merci à M. Philippe COURT, Préfet du Calvados, ainsi qu’à M. Joël BRUNEAU, Maire de Caen, ainsi qu’à leurs services, pour leur contribution au succès de cette manifestation.

 Au nom du comité Fidélité Gaulliste, Franck LECONTE a retracé le parcours glorieux de quelques-uns de ces braves ; voici son discours prononcé à cette occasion :

 « Claude ANDRE, Michel CHERRIER, Léon GAUTIER, Ferdinand LECOUVEY, Bernard DUVAL, des noms qui nous sont familiers, des hommes qui nous sont chers et qui évoquent, à l’instar de celui de leur chef historique, le Général de GAULLE, l’engagement, l’honneur, la force de caractère, l’amour de la Patrie, le service de la République, l’esprit français.

 Chaque 18 juin, ils sont à nos côtés, nous confortant dans la conviction que la Flamme de la Résistance ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas.

 Aujourd’hui, alors que nous célébrons le 80e anniversaire de l’Appel historique à refuser la défaite et à poursuivre le combat, ils sont absents.

 Claude ANDRE vient de rejoindre le paradis des Braves et les 4 autres sont confinés chez eux compte tenu des mesures de précaution sanitaire évidemment incontournables s’agissant de quasi centenaires.

 Aujourd’hui, ces héros modestes pensent certainement à juin 40, à ces heures de tourmente et de gloire, à la nuit de l’Occupation, à la férocité de la répression nazie, aux immenses sacrifices consentis pour parvenir, enfin, à la Victoire de la France.

 Aujourd’hui, nous pensons à eux. Leur absence physique nous pèse mais ce rassemblement sous les auspices de la croix de Lorraine nous réunit dans la pensée et dans les cœurs.

En mars dernier, la voix enjouée et chaleureuse de Claude ANDRE s’est définitivement éteinte. Au début de l’Occupation, le jeune garçon de 16 ans voyait chaque jour l’image du Premier Résistant de France, dont une vieille photo d’avant-guerre, découpée dans un journal, ornait l’arrière boutique de ses parents dans le centre ville de CAEN. Cette photo restera pieusement accrochée sur son mur jusqu’à la dramatique journée du 6 juin 1944 qui transforma le fructueux commerce familial en un tas de ruines.

 Ce Général, c’est sa mère qui lui en a parlé en premier et qui l’a incité à répondre à son Appel.

 Dès 1941, il participe à des actions de résistance au sein du réseau Hector aux côtés de son ami, André MICHEL, qui sera exécuté par les Allemands le 9 mai 1942 dans l’enceinte du 43e RA à CAEN. Face au danger d’être pris à son tour, il quitte sa ville natale et s’engage dans la marine de VICHY pour rejoindre l’Afrique du Nord et rallier, dès qu’il le pourra, l’Angleterre et la France Libre. Alors, il pourra enfin découvrir, en chair et en os, ce général inconnu et pourtant devenu si proche.

 Intégré dans les FNFL, son rôle consistera à assurer la protection des convois dans le but d’éviter les torpillages des sous-marins allemands entre l’Angleterre et Terre Neuve ou l’Hudson. Revenu au pays lors de sa première permission en novembre 1944, il découvre une cité fantôme et apprend la mort de son père et de son frère dans les bombardements du 6 juin, le premier à CAEN et le second à VIRE.

Autre Compagnon des FNFL, Michel CHERRIER a 19 ans en 1940. Lors de son séjour à NEUILLY-EN-SANCERRE, c’est dans l’auberge tenu par le cousin de son père qu’il apprend par un réfugié qu’un Appel à la Résistance a été lancé à la radio de LONDRES 2 ou 3 jours auparavant. Sa décision est aussitôt prise : tôt ou tard, il rejoindra le Général de GAULLE. Il quitte donc le Berry pour tenter de passer en Afrique du Nord via MARSEILLE mais il est arrêté par la gendarmerie française à TARARE, dans le Rhône; bienveillants, les gendarmes lui recommandent de retourner chez sa mère à CAEN, ce qu’il fait.

 L’année suivante, il effectue une nouvelle tentative, cette fois ci en train, mais se fait arrêter en gare de VIERZON. Questionné puis emprisonné, il est heureusement libéré peu après son premier interrogatoire suite à une intervention de la Kommandantur de CAEN sollicitée par son père, restaurateur, qui connaissait certains responsables allemands qui fréquentaient régulièrement son établissement.

 Revenu à CAEN, il effectue au printemps 1942 une 3e tentative qui s’avèrera être la bonne bien qu’il soit de nouveau arrêté par la police française à TOULOUSE. Contraint au travail, il se soustrait à la surveillance de ses employeurs et franchit en décembre 1942 les Pyrénées sous un froid glacial et avec l’aide d’un guide qui le laisse cependant se débrouiller seul la dernière moitié du chemin. Interpellé par les autorités franquistes, il est interné à la prison de LERIDA puis au sinistre camp de MIRANDA. Finalement placé en résidence surveillée, il réussit à s’échapper, quitte l’Espagne et rejoint enfin les Français Libres à CASABLANCA, au Maroc.

 Affecté à l’unité marine de NORFOLK puis embarqué sur le torpilleur « Marocain », il participe à la campagne d’Italie et au Débarquement de Provence. Après la Victoire, il réembarque sur le « Suffren » et part ensuite pour l’Indochine. Il vit aujourd’hui paisiblement à LUC-SUR-MER en compagnie de son épouse, entouré de ses enfants et petits-enfants.

Bien qu’ayant été l’un des premiers immatriculés « Free French », Léon GAUTIER n’a pas entendu lui non plus l’Appel du 18 juin. Après avoir participé aux combats de la campagne de 1940 en qualité de matelot sur « Le Courbet », il rejoint l’Angleterre avec l’équipage le 20 juin 1940. Ce n’est qu’au début du mois suivant, alors qu’il est placé dans un camp de militaires français près de LIVERPOOL, qu’il découvre des affiches de cet Appel placardées dans les rues ; il entend ensuite sur les ondes de la BBC qu’un général français est en train de constituer une armée, sous drapeau français, pour continuer la lutte aux côtés des Alliés. Sa décision est prise, il en sera !

 Echappé du camp à la nuit tombée avec quelques camarades, il rejoint les FFL la veille de la Fête Nationale ; le 14 juillet, il est déjà sur les rangs des délégations passées en revue par le Chef de la France Libre – lequel l’impressionne fortement par sa taille. Au cours de cette prise d’armes, il est également salué par le Roi George VI et sa famille.

 Le marin, qui n’a alors que 17 ans, embarque ensuite pour les convois à destination de l’Atlantique, connaît l’angoisse des attaques d’U-Boat, participe à des missions en Afrique, à la campagne du Liban et à celle de Syrie et finit par intégrer volontairement en 1943 les commandos en cours de constitution sous les ordres du Commandant Philippe KIEFFER.

 Débarqué en première vague à Sword Beach le 6 juin 1944 avec ses 176 camarades bérets verts, il participe à la totalité de la Bataille de Normandie, soit plus de 80 jours en première ligne sans jamais être relevé. D’un courage hors norme, son engagement au corps à corps – baïonnette au canon – le 20 août 1944, lui vaut une élogieuse citation à l’ordre du corps d’armée.

 Après la guerre, il retourne à la vie civile et entame une vie de dur labeur sans réclamer ni titre ni privilège, estimant modestement n’avoir fait que son devoir de Français.

 Ils ne sont aujourd’hui plus que 2 survivants du Commando Kieffer.

Réfugié avec ses parents à la HAYE-DU-PUITS, Ferdinand LECOUVEY contemple avec désolation la colonne de panzers qui entre dans la ville le 17 juin 1940 au soir. 3 jours plus tard, des amis de la famille lui apprennent qu’un officier français portant un nom qui doit certainement être un pseudonyme a lancé un Appel à résister. Dès lors, il sait qu’il y répondra tôt ou tard. En attendant, il écoute clandestinement la BBC et découvre avec admiration les actes de résistance menées pas sa tante qui tient un restaurant très fréquenté par l’occupant côté public mais également, côté privé, par les divers responsables de la Résistance régionale et parfois certains aviateurs alliés abattus.

 Après le débarquement de la 2e DB à Utah Beach début août 1944, il s’engage à l’âge de 19 ans avec son frère, son père et quelques camarades au passage de la célèbre Division Leclerc dans la petite ville du Cotentin. Affecté au 13e Bataillon du Génie, il participe à la prise de BACCARAT au cours de laquelle il est cité à l’ordre de la Brigade. Particulièrement engagé dans les combats de la libération de STRASBOURG, sa section a l’honneur d’entrer en premier dans la capitale alsacienne le 23 novembre ; il y obtient une nouvelle citation. Son frère, Louis, est tué le 2 décembre à HERSHEIM. Ferdinand LECOUVEY s’illustre de nouveau dans la réduction de la poche de COLMAR en soutien à la 1ère Armée de De Lattre et une 3e citation lui est décernée. Ce sera ensuite la campagne d’Allemagne et enfin, la démobilisation le 9 février 1946. Au cours des violents combats auxquels il a pris part, son courage et son mépris du danger, associés à son calme et son sang froid sont particulièrement remarqués de ses chefs.

 Imprégné tout au long de sa vie de « l’esprit LECLERC », maire honoraire de BARBERY, il préside encore aujourd’hui avec ardeur l’Amicale des anciens de la 2e DB du Calvados.

Après un bref exode en juin 1940, Bernard DUVAL et ses parents regagnent CAEN et entendent parler, dès leur retour, de l’Appel prononcé par un général français installé à LONDRES. Cet Appel trouve un écho favorable au sein de la famille ; c’est donc très naturellement que le jeune Bernard, dès les débuts de l’Occupation, s’emploie avec quelques camarades à lacérer les affiches allemandes et à coller des affichettes gaullistes. Son premier acte officiel de résistance a lieu en octobre 1941 au sein du Réseau « Hector » : il consiste à passer des lettres au responsable local du réseau, interné à la maison d’arrêt. En janvier 1942, il intègre le mouvement « Front National » avec son ami Bernard BOULOT. Tous les deux accomplissent des missions de renseignement qui consistent en des relevés de positions sur la côte et sur les fortifications du Mur de l’Atlantique.

 Arrêté le 10 mars 1944, malgré un interrogatoire musclé, il ne parle pas ; il ne parlera d’ailleurs jamais. Il quitte la maison d’arrêt caennaise le 20 mai 1944 pour le camp de ROYALLIEU puis c’est la déportation au camp de NEUENGAMME. Plus de 15 jours après son départ de la maison d’arrêt, ses camarades de détention seront tous impitoyablement fusillés dans les courettes de l’établissement pénitentiaire.

 Transféré le 2 juillet 1944 au camp de SACHSENHAUSEN, Kommando de FALKENSEE, il n’en sera libéré par l’Armée rouge que le 26 avril 1945. Dans un état physique très dégradé, il lui faudra plus de 6 mois pour reprendre une vie à peu près normale.

 Domicilié à CAEN, il est aujourd’hui le dernier déporté du Calvados et l’ultime survivant de la tragédie du 6 juin 1944 à la prison de CAEN.

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