Hubert Germain nous a quitté le 12 octobre dernier, à l’âge de 101 ans. Pour les plus jeunes d’entre nous faut-il rappeler qu’il fut le dernier des 1038 compagnons de la Libération, ordre fondé par le rebelle de 1940 : le Général de Gaulle.

Hubert Germain connut mille vies. Combattant de la Légion étrangère à seulement 23 ans (Koufra, Bir-Hakeim,Berlin), maire, député et ministre. Il avait le Général de Gaulle pour Pygmalion, la France pour compagne et l’Histoire pour théâtre.

Sa gouaille légendaire le dispute à son sens de l’honneur. Personnage romanesque s’il en est, il était adossé à des valeurs qu’il portait haut,fièrement et sans transiger : courage, droiture, fidélité, engagement.

C’était un aventurier, au sens noble du terme bien sûr. A l’écouter évoquer les différentes phases de sa riche vie, on pense à Joseph Kessel, lui aussi gaulliste de la première heure, arpentant les régions les plus reculées et les plus hostiles du monde à la recherche d’hommes uniques, authentiques et vrais. Ses voyages, ses rencontres et ses longues soirées autour d’un feu de camp, dans des restaurants enfumés ou des endroits interlopes improbables fournirent à Kessel le matériau de ces romans les plus célèbres (Les Cavaliers, Fortune Carrée, Le Lion …). Hubert Germain, lui aussi, était fait du même métal.Il ne concevait pas la vie autrement.Une vie périlleuse parfois, exaltante toujours notamment lorsqu’il répondit, très jeune et très tôt, à l’appel du Général de Gaulle.

Il servit ce dernier en devenant ministre mais Hubert Germain était avant tout un homme d’action. A ses yeux, rien ne remplacera l’adrénaline de Bir Hakeim et de la Légion étrangère.

Pour son mentor, comme pour lui, « la seule querelle qui vaille est celle de l’Homme ».

Et Hubert Germain n’avait de cesse de se placer en adéquation avec lui-même pour trouver sa vérité. Il avait en horreur les faux-semblants et les postures opportunistes. Il préférait de loin la fraternité des armes considérant qu’à la guerre, il est difficile de tricher. L’homme y révèle souvent sa grandeur. Pour Hubert Germain, il n’y a guère de place, sur les champs de bataille, pour les marchands d’orviétan. Il détestait les tiroirs à double fond de la comédie humaine.

Aussi, tout au long de sa vie s’interroge-t-il et questionne-t-il le monde. Quel est le sens de la vie ? Comment conserver la ligne droite et rester fidèle à ses idéaux de jeunesse ? Tel était le dernier compagnon de la Libération.

Que faut-il retenir de cette vie protéiforme qui fut celle d’Hubert Germain ? Pour les plus jeunes de nos concitoyens mais en réalité pour nous tous, je les inviterais à revisiter mais aussi et surtout à comprendre ce que fut la geste gaullienne. Peut-être y puiseront-ils, même si les circonstances sont singulièrement différentes, quelques leçons pour aujourd’hui et pour les temps tumultueux qui s’annoncent.

Par ailleurs, au moment où certains veulent réécrire l’Histoire, au moment où les hommes de la trempe d’Hubert Germain s’effacent nous avons le sentiment qu’un grand vide s’installe, inexorablement. Vide qui nous exhorte ardemment à la vigilance et à garder les yeux grands ouverts. Il y va, me semble-t-il, de l’intérêt supérieur que des hommes d’honneur, aujourd’hui et demain, à l’instar d’Hubert Germain, opposeront aux turpitudes, aux facilités et aux faiblesses du temps qui passe.

                                                                                                                                                          Didier Rossi

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