Le gaullisme n’est pas une nostalgie, par Franck LECONTE dans le cadre de l’hommage au Général Charles de Gaulle, fondateur de la France Libre et de la Ve République,
le lundi 14 juin 2021 à Bayeux
L’année dernière fut celle d’un triple anniversaire gaullien : celui de la naissance du Général de Gaulle il y a 130 ans, celui de son fameux Appel lancé à la radio de Londres il y a 80 ans et celui de son décès le 9 novembre 1970. Malheureusement, la crise sanitaire ne nous a pas permis de nous réunir aussi nombreux que nous l’aurions souhaité pour lui rendre l’hommage qui lui est dû.
Aujourd’hui, 14 juin 2021, nous poursuivons notre reconnaissance mémorielle et célébrons le 77e anniversaire de son retour sur le sol métropolitain et avec lui, le retour de l’Etat légitime et républicain mais aussi le 75e anniversaire de son célèbre discours prononcé le 16 juin 1946 à Bayeux, qui a jeté les bases de la Constitution de la Ve République ; c’est dire si ces commémorations normandes ont une résonance nationale.
Plus de 50 ans se sont déjà écoulés depuis que le Général de brigade à titre temporaire qui a sauvé à lui seul l’honneur d’un pays en juin 1940, a quitté le monde des vivants en ayant fait plus que son devoir pour la France et les Français, pour lesquels il se consacra corps et âme, sans jamais hésiter, sans jamais renoncer, sans jamais faiblir.
Et pourtant, qui peut croire tant son nom est si régulièrement convoqué dans le débat public, tant son ombre de géant plane encore sur la vie politique française, qu’il y a déjà un demi siècle que la France est veuve, un demi siècle que les Français sont orphelins ?
Aujourd’hui, tout le monde ou presque se réclame de De Gaulle, y compris les héritiers de ceux qui l’ont si rudement combattu ou même ceux qui ont voulu l’assassiner, lui donnant une fois de plus raison post mortem: « Tout le monde a été, est ou sera gaulliste ».
Pour autant, si Charles de Gaulle n’est plus, son héritage – lequel appartient à tous les Français – est quant à lui encore très présent dans la France contemporaine et bien vivant dans le cœur des Français.
D’abord, il nous laisse une République – la 5e – dont l’esquisse a été dévoilée chez nous, à Bayeux en 1946, et qui témoigne de sa nécessaire stabilité, de sa puissante modernité, de sa permanente adaptation aux nombreux défis de demain et surtout, de sa capacité à donner à la Nation un chef légitime qui soit en mesure d’agir tant sur le plan international qu’en ce qui concerne la situation intérieure. Grâce à l’œuvre institutionnelle du Général, la France du 21e siècle dispose ainsi d’un formidable atout permettant de concilier exigence démocratique et nécessaire efficacité indispensables au fonctionnement d’un Etat moderne.
Cet Etat, l’héritage gaullien l’a voulu fort et respecté car seule la puissance publique est en mesure de porter l’intérêt supérieur du pays, de garantir sa souveraineté et son indépendance et de lui conserver son rang. Cela nécessite une défense nationale de premier plan et une capacité de dissuasion, éléments indispensables à l’affirmation « d’une certaine idée de la France ». Cela implique aussi un effort constant de la Nation, notamment budgétaire, mais aussi l’adhésion de tous ses enfants à son pacte républicain.
La France voulue par le Général, c’est également une volonté affirmée d’Unité de la République et de Rassemblement de son Peuple. Seules cette Unité et cette obsession du Rassemblement sont de nature à dépasser les clivages, réduire les intérêts partisans et limiter l’influence des chapelles de toutes sortes. Dans cette vision de la Nation, les séparatismes et les replis identitaires n’ont évidemment pas leur place.
Le Général nous transmet également une philosophie, celle de l’action, du courage et de l’effort. Ses écrits, ses paroles, ses actes nous enseignent que rien n’est jamais perdu d’avance et que la volonté de quelques uns – hommes de conviction et de tempérament – peut changer le cours des choses, en toutes circonstances. Philosophie qui repose aussi sur une vigilance constante car la survie d’une Nation et la liberté de son Peuple ne sont jamais acquises mais procèdent d’une lutte permanente, d’une obstination à «viser haut, voir grand, juger large, tranchant ainsi avec le commun qui se débat dans d’étroites lisières».
Il nous lègue enfin l’espoir et je dirais même l’espérance tant son ambition pour la République est teintée de spiritualité. Son combat pour un idéal à travers les réalités est celui de la France éternelle qui veut continuer à écrire son histoire et influencer celle de la vieille Europe mais aussi à inspirer les Peuples, partout dans le monde, en quête de liberté, de dignité et de progrès. « En notre temps, la seule querelle qui vaille est bien celle de l’Homme. C’est l’Homme qu’il s’agit de sauver, de faire vivre et de développer ».
Voilà en quelques mots, l’héritage gaulliste : un Etat respecté, un patriotisme éclairé, un Peuple rassemblé, une exigence nationale, un humanisme affirmé, une volonté collective.
Si 2020 a été à plus d’un titre une année marquée par la commémoration gaullienne, puissions nous agir, chacun à notre place, chacun selon nos possibilités, pour que 2021 et les années suivantes le soient aussi afin de sauvegarder et transmettre l’œuvre du Général, parce ce qu’il est de notre devoir qu’elle soit toujours une source d’inspiration et d’ardeurs nouvelles pour les jeunes générations.
Assurément, le Gaullisme n’est pas une nostalgie française, il doit être une ambition renouvelée pour la République, le chemin de sa grandeur, un rêve national, à portée de main !
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