« …C’est ici que sur le sol des ancêtres réapparut l’Etat ; l’Etat légitime, parce qu’il reposait sur l’intérêt et le sentiment de la Nation ; l’Etat dont la souveraineté réelle avait été transportée du côté de la guerre, de la liberté et de la victoire, tandis que la servitude n’en conservait que l’apparence ; l’Etat sauvegardé dans ses droits, sa dignité, son autorité, au milieu des vicissitudes, du dénuement et de l’intrigue ; l’Etat préservé des ingérences de l’étranger ; l’Etat capable de rétablir autour de lui l’unité nationale et l’unité impériale, d’assembler toutes les forces de la patrie et de l’Union française, de porter la victoire à son terme, en commun avec les Alliés, de traiter d’égal à égal avec les autres grandes nations du monde, de préserver l’ordre public, de faire rendre justice et de commencer notre reconstruction » (Extrait du discours prononcé par le Général de Gaulle le 16 juin 1946 à Bayeux).

La sous-préfecture de Bayeux est devenue un symbole dans la geste gaullienne car c’est en ce lieu, le 14 juin 1944, que la République a fait son retour. C’est cette sous-préfecture qui sera d’ailleurs le siège du pouvoir administratif français jusqu’à la libération de Paris. Par ailleurs, le 16 juin 1946, venu pour célébrer le deuxième anniversaire de cette journée mais surtout, y exposer ses idées constitutionnelles, le Général de Gaulle se reposera dans cet endroit.

D’un style architectural propre à l’administration préfectorale dans la seconde moitié du 19e siècle, l’hôtel préfectoral est l’œuvre de l’architecte caennais Léon Marcotte (1822 – 1885), lauréat de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris.  Elle est installée place du Château (aujourd’hui Place Charles-de-Gaulle) dans un bâtiment classique complété de deux ailes définissant une cour d’honneur. L’ensemble est parfaitement symétrique.

La succession des espaces du parc, de l’hôtel, de la cour d’honneur et de la place constitue un ensemble particulièrement harmonieux.

On notera notamment l’imposante plaque fixée sur le mur d’enceinte par Raymond Triboulet, Président du Comité du Débarquement, le 14 décembre 1946 et qui porte sobrement l’inscription suivante :

« Le 14 juin 1944, sur cette place du château, dans cette sous-préfecture, Bayeux, la première, donne le salut reconnaissant de la France enfin libérée au Général de Gaulle. »

Le nouveau bâtiment d’accueil des visiteurs comporte quant à lui une imposante croix de Lorraine offerte à la sous-préfecture par le Comité du Débarquement en 1960, année du 20e anniversaire de l’Appel du 18 juin 1940.

Cette croix comportant en son centre une représentation de Marianne, porte l’inscription qui suit :

« Ici siégea jusqu’au premier septembre 1944 le 1er Commissariat de la République établi le 14 juin par le Général de Gaulle dans cette sous-préfecture, la première de la France libérée. »

Le grand salon de la sous-préfecture reste quant à lui dans les mémoires comme étant le bureau de François Coulet, Commissaire de la République dès le 14 juin 1944 tandis que l’actuel bureau occupé par le sous-préfet de Bayeux était occupé par Raymond Triboulet, premier sous-préfet de la France libérée, du 16 juin 1944 jusqu’au mois de mai 1946.

Enfin, le petit salon, baptisé depuis le « salon de Gaulle », est celui dans lequel le Général s’est reposé avant de prononcer son fameux discours institutionnel le 16 juin 1946. Cette pièce est restée parfaitement conforme à ce qu’elle était il y a 75 ans et plusieurs photographies du Général s’y trouvent aujourd’hui rassemblées. Cette petite pièce constitue véritablement le lieu de mémoire gaullien le plus émouvant de l’hôtel préfectoral.

 

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Crédits images Julia Quellien
 
  • Le petit salon De Gaulle
  • La plaque inaugurée le 14 décembre 1946
  • La croix de Lorraine
  • Détail de la plaque offerte par le Comité du Débarquement
 
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