Raymond Triboulet restera dans l’histoire comme étant le premier sous-préfet de la France libérée.

 Exploitant agricole à Sainte-Croix-Grand-Tonne (Calvados) durant l’Occupation mais également membre de la Résistance (Ceux de la Résistance) dès 1941 sous le pseudonyme de « Loyal », il est chargé de la surveillance du dispositif allemand entre Caen et Bayeux ; il effectuait d’ailleurs ses missions clandestines à bord d’un élégant attelage anglais, ce qui lui vaudra le surnom de « Résistant à la carriole » attribué plus tard par son grand ami Maurice Schumann.

 Peu avant le Débarquement, il est mis en relation avec Léonard Gilles, futur président du Comité départemental de Libération du Calvados (ces comités avaient pour but d’assurer la représentation de chaque organisation de la Résistance, syndicat et parti politique affiliés au Conseil national de la Résistance (CNR) et présent dans le département ; après la Libération, leur rôle sera d’assister les préfets qui devront obligatoirement les consulter sur un certain nombre de sujets), Henri Bourdeau de Fontenay, dit « Graveron », pressenti pour être le Commissaire régional de la République et Pierre Daure, ancien Recteur de l’Université de Caen, limogé en raison de son hostilité aux Allemands et futur Préfet du Calvados (il est également le beau frère de François Coulet). Chargé de réfléchir aux questions d’approvisionnement des populations libérées après le Débarquement, il rencontre pour la première fois Maurice Schumann à son domicile le 9 juin 1944, lequel le mandate afin de participer au Comité de Libération de l’arrondissement de Bayeux qui sera installé dès le 11 juin 1944, dans la salle à manger du logement canonial, gracieusement mise à disposition par le chanoine Quilici.

 Le 14 juin 1944, il vaque normalement à ses occupations liées à la bonne marche de son exploitation agricole et ne sait absolument pas ce qui se joue au même moment à Bayeux. Il ne l’apprendra d’ailleurs que le lendemain en écoutant Radio Londres sur son poste à galène !

 A partir du 16 juin 1944, il partagera le pouvoir civil avec François Coulet qui a installé ses bureaux dans le grand salon de la sous-préfecture de Bayeux, Raymond Triboulet occupant quant à lui le bureau de l’ancien sous-préfet Rochat qu’il n’a d’ailleurs pas eu le loisir de croiser dans le cadre de la traditionnelle « transmission de consignes », bien qu’il fut amené à emprunter par la suite son uniforme préfectoral. Cette nomination fut judicieuse compte tenu que Raymond Triboulet avait une parfaite connaissance du milieu normand. Durant l’été, François Coulet s’effacera pour laisser son poste à Henri Bourdeau de Fontenay, ainsi que les plans l’avaient initialement prévu. Raymond Triboulet restera quant à lui en fonctions jusqu’en mai 1946 et entamera alors une brillante carrière politique. En novembre 2006, il est élu député du Calvados.

 Outre ses responsabilités ministérielles (il sera plusieurs fois Ministre des anciens combattants, quelques mois en 1955 puis de 1959 à 1962 et Ministre de la Coopération de 1962 à 1966), il restera dans l’histoire de la Normandie comme étant le fondateur du comité du Débarquement en avril 1945 dont il ne quittera la présidence qu’en 1999 ; c’est ce comité qui est d’ailleurs à l’origine du premier musée du Débarquement à Arromanches, qui sera inauguré par le Président Coty en 1954. Il est aussi à l’initiative de la loi du 21 mai 1947 assurant un caractère national aux cérémonies commémoratives du Débarquement de Normandie.

 Raymond Triboulet est certainement le premier artisan du tourisme mémoriel en Normandie.

 Il est l’auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels « Un Ministre du Général » ou « Un Gaulliste de la IVe » publiés chez Plon.

 Il s’est éteint le 26 mai 2006, à l’âge de 100 ans et repose au cimetière de Sèvres (92).

 

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Crédits Photos

Photo Triboulet, Pasqua, Debré, Lecarpentier (collection Madeleine Hardy)
Photo de l’inauguration du musée de Gaulle en présence de Raymond Triboulet (collection Madeleine Hardy)
Photo de la médaille de Raymond Triboulet remise à l’auteur par l’intéressé lors de son départ du comité du Débarquement en 1999 (collection Franck LECONTE)
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