Les 13 et 14 mai 2023, une délégation de 18 Compagnons de Fidélité Gaulliste de Normandie effectuait un pèlerinage à Colombey-les-Deux-Eglises sur les traces de Charles de Gaulle ; visite du Mémorial éponyme, de la croix de Lorraine, de l’église du village, de la demeure familiale de La Boisserie et cérémonie intimiste devant la tombe du Général, de son épouse Yvonne, décédée en 1980, et de leur fille, Anne, décédée en 1948, ont jalonné ces deux journées passées aux sources du Gaullisme. Une belle découverte pour certains de nos Compagnons pour qui c’était la première visite ; toujours la même émotion pour ceux, plus nombreux, qui connaissaient déjà les lieux. Recueillement, reconnaissance et esprit de compagnonnage étaient au rendez-vous pour tous. Ce dernier pèlerinage organisé par notre association et le premier dans le cadre de nos nouveaux statuts et de notre nouvelle appellation fut, de l’avis unanime des participants, un beau et grand moment.
Arrivée le samedi 13 mai vers midi, notre délégation était composée du Président, Franck Leconte et de son épouse, Valérie Rapeaud, de la vice-présidente, Jacqueline Baruffolo, de Claude Baruffolo, trésorier, d’Evelyne Loiselet, trésorière adjointe, de Claude Marchetti, membre du comité directeur, de Yann Vaugeois, porte-drapeau et de son épouse, Aude Marie ainsi que des Compagnons suivants : M. Patrick Boiton, M. et Mme Daniel et Elisabeth Granotier, M. André Journet, M. Jean-Pierre Lechevallier, M. et Mme Marcel et Paule Pudepièce, M. et Mme Gérard Roger et M. Jean-Claude Thomas.
La première journée était consacrée à la visite guidée du Mémorial Charles-de-Gaulle, inauguré le 11 octobre 2008 par Nicolas Sarkozy, Président de la République et Angela Merkel, Chancelière allemande. Cet espace muséal de 2 800 m2 est implanté dans un remarquable écrin de verdure, au pied de la monumentale croix de Lorraine. Centre d’interprétation historique parfaitement intégré à la nature et tourné vers La Boisserie, il permet de retracer les grandes étapes de l’histoire du XXe siècle, à travers le prisme de Charles de Gaulle. Du petit Lillois de Paris au Président de la Ve République en passant par le Saint-Cyrien, le combattant des tranchées, l’homme du 18 juin ou encore le père de famille attentionné et affectueux, l’on peut découvrir toutes les facettes de l’homme public et de l’homme intime, grâce à une scénographie interactive et moderne. Il est intéressant de noter que l’architecte du Mémorial Charles-de-Gaulle est le caennais Jacques Millet, par ailleurs architecte du Mémorial de Caen, en 1988.
La visite du Mémorial Charles-de-Gaulle a comporté notamment la découverte de quelques véhicules mythiques ayant appartenu ou ayant été offert au Général :
. la traction Citroën 15 Six H modèle 1954 achetée par la famille en 1955 ; c’est à son bord que le 29 mai 1958, le Général quittait La Boisserie pour rejoindre le Palais de l’Elysée où le Président René Coty l’invitait à former un gouvernement d’unité nationale et à engager une révision conséquente des institutions.
. la fameuse Citroën DS 19, rescapée du lâche attentat perpétré le 22 août 1962 par des activistes de l’OAS au Petit-Clamart (désigné par ses auteurs, « opération Charlotte Corday »). On y aperçoit les 14 impacts des munitions qui ont criblé la DS présidentielle dont une balle logée dans le dossier du passager avant où se trouvait Alain de Boissieu et plusieurs à hauteur des visages de Mme de Gaulle et du Général ; 187 balles au total ont été tirées par le commando terroriste. A l’arrivée à la base aérienne de Villacoublay, le Général dira à ceux qui l’accueillent : « Cette fois, c’était tangent ». Quant à Yvonne de Gaulle, voulant parler des volailles en gelée achetées chez Fauchon et transportées dans le coffre du véhicule, elle surprendra les forces de l’ordre les encadrant ce jour-là en disant à son mari : « J’espère que les poulets n’ont rien eu »…
. et la Renault Rambler Ambassador 1962 offerte par la Régie Renault au Général de Gaulle, Président de la République en 1962. A l’issue de l’attentat du Petit-Clamart, Roger Frey, Ministre de l’Intérieur, a commandé sans prévenir le Général, la Rambler qui a été faite à la taille du Chef de l’Etat. Celui-ci a toujours refusé de l’utiliser au motif que c’était une voiture étrangère et qu’elle était blindée !
La visite du Mémorial était par ailleurs agrémentée d’une exposition temporaire consacrée au sous-marin nucléaire lanceur d’engin (SNLE) « Le Redoutable », lancé le 29 mars 1967 en présence du Général et de Pierre Messmer, Ministre des armées ; ce SNLE est le premier de ce type construit en France. Retiré du service actif le 13 décembre 1991, il est aujourd’hui exposé et ouvert au public à la Cité de la Mer à Cherbourg-en-Cotentin, dans le département de la Manche.
A l’issue, notre délégation s’est dirigée vers la croix de Lorraine inaugurée le 18 juin 1972 par Georges Pompidou, Président de la République, en présence d’Yvonne de Gaulle, des membres de sa famille ainsi que d’Henri Duvillard, Ministre des anciens combattants, Président fondateur de la Commission du Mémorial. C’est le Général en personne qui avait émis l’idée en 1954 d’édifier une croix de Lorraine sur la colline après sa mort : « …Voyez cette colline. C’est le lieu le plus élevé de Colombey. On y édifiera une croix de Lorraine quand je serai mort… » (déclaration du Général à un journaliste). Selon André Malraux, le Général, sceptique, aurait ajouté : « Comme il n’y a personne, personne de la verra. Elle incitera les lapins à la Résistance… »
En béton revêtu de granit rose de Perros-Guirec elle mesure près de 43,50 m de haut pour un poids de plus de 950 tonnes. Elle trône sur une base de pierre horizontale portant les inscriptions suivantes : « Il y a un pacte vingt fois séculaire entre la grandeur de la France et la liberté dans le monde » et « La seule querelle qui vaille, c’est celle de l’homme ».
Enfin, après cette journée passionnante, un excellent dîner partagé dans la plus pure tradition du compagnonnage gaulliste a réuni les participants à l’Hôtel du Parc d’Arc-en-Barrois.
La journée du lendemain fut consacrée à la visite du cimetière de Colombey et de l’église Notre-Dame-de-l’Assomption où le Général assistait régulièrement à la messe dominicale et prenait le temps de saluer les paroissiens à l’issue de la célébration. Son emplacement dans l’église est d’ailleurs signalé par une petite croix de Lorraine.
Réunis autour de la tombe familiale des De Gaulle, frappante par sa sobriété avec pour seule épitaphe « Charles de Gaulle 1890-1970 », et devant notre drapeau porté par Yann Vaugeois, les Compagnons ont organisé une cérémonie intime, simple et émouvante comportant une allocution du Président Franck Leconte, une minute de silence et une vibrante Marseillaise. A la suite de cette cérémonie, une plaque a été déposée dans le cimetière (confer article : « Dépôt d’une plaque « Fidélité Gaulliste de Normandie » à Colombey-Les-Deux-Eglises »).
Puis ce fut la visite particulièrement émouvante de La Boisserie, demeure encore imprégnée de la personnalité du Général : « C’est ma demeure. Dans le tumulte des hommes et des événements, la solitude était ma tentation. Maintenant, elle est mon amie. De quelle autre se contenter quand on a rencontré l’Histoire ? D’ailleurs, cette partie de la Champagne est toute imprégnée de calme : vastes, frustres et tristes horizons ; bois, prés, cultures et friches mélancoliques ; relief d’anciennes montagnes très usées et résignées ; villages tranquilles et peu fortunés, dont rien, depuis des millénaires, n’a changé l’âme, ni la place. Ainsi, du mien » (Extrait des Mémoires de Guerre – Le Salut).
Visite de la salle à manger où le Général prenait tous ses repas à l’heure définie et jamais plus de 40 minutes, dos à la cheminée ; non loin, l’ancien bucher abritant le seul téléphone de la maison ; appareil honni car « on ne sonne pas le Général de Gaulle ». Visite du grand salon avec sa pieta du XVe siècle offerte par le chancelier allemand Adenauer, puis de la bibliothèque où sont exposées les photographies dédicacées de nombreux chefs d’Etat et le bureau attenant dans la tour d’angle où le Général s’enfermait si souvent pour rédiger ses mémoires de guerre puis ses mémoires d’espoir. De ce bureau, on découvre l’immensité du paysage qui s’étend, de ce paysage où la nuit « en regardant les étoiles, je me pénètre de l’insignifiance des choses ».
C’est en 1934 que le commandant Charles de Gaulle acheta cette grande maison isolée, un peu à l’écart du village, dans un parc de 2,5 ha, pour en faire un domicile familial tranquille, notamment pour la petite Anne, et son port d’attache entre Paris et ses garnisons de l’Est et du Nord. En 1946, après avoir quitté le pouvoir, le Général s’y installe définitivement avec son épouse et leur fille, Anne. Même durant les onze années passées à l’Elysée, il a continué à venir à Colombey un week-end sur deux.
« …Chaque fois que cela est possible, nous gagnons notre maison de La Boisserie. Là, j’écris les discours qui me sont un peu pénible et perpétuel labeur. Là, je lis quelques-uns des livres qu’on m’envoie. Là, regardant l’horizon de la terre ou l’immensité du ciel, je restaure ma sérénité… » (Mémoires d’Espoir – Le Renouveau).
A côté des trois grands lieux gaulliens que sont La Boisserie et son parc, le cimetière et son église et la croix et son Mémorial, les Compagnons n’ont par ailleurs pas manqué de rendre visite à Marinette Piot, dont le commerce de cadeaux et de souvenirs gaulliens situé au 12 de la place de l’Eglise est bien connu des pèlerins gaullistes. Son mari, René Piot, agriculteur et qui était devenu le fermier du Général, avait eu l’honneur d’être reçu par lui à La Boisserie le 9 novembre 1970. Il fut son dernier visiteur…
Marinette Piot connait bien notre association et tout particulièrement notre fidèle adhérente Madeleine Hardy, ancienne responsable du Mémorial de Gaulle à Bayeux, qu’elle était venue visiter, ainsi que notre croix de Lorraine de Graye/Courseulles, petite sœur de celle de Colombey.
La parfaite organisation de ce pèlerinage dans l’intimité du Général et aux sources du Gaullisme est à mettre au crédit de nos deux Compagnons, Jacqueline Baruffolo, vice-présidente, et Claude Baruffolo, trésorier, qui ont accompli l’un et l’autre un remarquable travail. Qu’ils en soient chaleureusement félicités et remerciés.
Enfin, un exceptionnel reportage photographique portant sur ces deux journées et comportant près de 500 clichés, a été effectué par notre Compagnon Claude Marchetti ; cette réalisation, superbement présentée et présentant parfois des légendes didactiques, mérite également nos chaleureuses félicitations et nos sincères remerciements à son auteur.
Le comité Fidélité Gaulliste de Normandie se félicite de comprendre dans ses rangs d’aussi nombreux talents, au service de la mémoire du Général de Gaulle et de son Œuvre. Crédits photographiques : Claude Marchetti.
(Passez votre souris sur l’image et cliquez pour lancer le diaporama)
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