Cérémonie marquant le 54e anniversaire du décès du Général de Gaulle
Stèle du Général de Gaulle, place Gambetta à Caen, samedi 9 novembre 2024 à 15h00
Discours prononcé par Franck LECONTE,
Président du comité Fidélité Gaulliste de Normandie

« Aujourd’hui, 9 novembre 2024, 54 ans jour pour jour après son décès, nous sommes rassemblés autour du souvenir de Charles de Gaulle, « l’Homme du destin » comme l’appellera Churchill dès les premiers jours de juin 1940. Comme souvent, l’Histoire allait donner raison au charismatique et visionnaire Premier ministre britannique : par deux fois, en juin 1940 d’abord, puis en mai 1958 ensuite, Charles de Gaulle aura sauvé l’âme, le cœur, l’existence même de la France et son action personnelle impactera profondément le destin national.
Résolument, Charles de Gaulle, ce géant, aura marqué l’Histoire de France, l’Histoire de l’Europe et même l’Histoire du monde.
Alors s’il est un Français qui a particulièrement mérité de la Patrie, c’est bien Charles de Gaulle et, à ce titre, nous lui devons bien qu’un hommage lui soit rendu chaque 9 novembre ; depuis plus d’un demi-siècle, les Compagnons de Normandie s’y emploient, sans relâche, avec obstination et toujours dans le même recueillement, avec la même foi et la même ardeur.
Notre cérémonie, dédiée exclusivement à Charles de Gaulle, se veut simple, à l’image de l’homme qu’il était, sobre comme il l’a démontré tout au long de son existence et tournée vers l’avenir, en adéquation avec son souci constant d’inscrire sa pensée et son action sur le temps long.
Pour les Gaullistes, le mot d’ordre de la journée commémorative du 9 novembre est donc concis, et le message est parfaitement clair : entretenir le souvenir du Général de Gaulle, lui rendre hommage, maintenir et transmettre la flamme gaullienne en Normandie.
Voilà pourquoi, les uns et les autres, nous venons de quitter pour quelques instants nos activités du moment pour nous rassembler autour de la mémoire gaullienne.
Nous le faisons pour accomplir d’abord un devoir quasi-filial, celui de témoigner notre reconnaissance au Père de la Nation.
Nous le faisons pour répondre ensuite à une aspiration relevant d’un registre quasi charnel, celle d’exprimer notre fidélité au Général et à travers lui, à « cette certaine idée de la France » qu’il n’a cessé d’incarner de juin 1940 à novembre 1970.
Nous le faisons enfin pour réaliser un voeu exprimé par le Général, celui de faire de son héritage, une source d’inspiration et d’espoir, pour aujourd’hui et pour demain.
Nous sommes d’abord venus pour témoigner notre reconnaissance.
Une reconnaissance indéfectible et éternelle car il est rare dans notre histoire de France, que le sort de tout un pays ait été le fait d’un seul homme. Comme chacun sait ici, ce fut le cas de Charles de Gaulle et de la France le 18 juin 1940.
Après avoir relevé l’épée brisée de la France, il s’agissait ensuite pour Charles de Gaulle de constituer une France Libre puis une France combattante et de parvenir à rallier les territoires d’Outre-Mer, les mouvements de la Résistance intérieure française et faire de nouveau entendre la voix de la France.
Notre reconnaissance s’exprime aussi, particulièrement ici en Normandie, au regard de son action déterminante menée le 14 juin 1944 pour imposer aux Alliés le retour sur le sol métropolitain d’une France véritablement indépendante et souveraine.
Reconnaissance également au Général et, peut être encore une fois plus fortement ici, en Normandie qu’ailleurs, pour nous avoir offert la Constitution dite « de Bayeux », c’est-à-dire celle de notre Ve République qui a démontré à la fois sa stabilité, sa souplesse et sa capacité à gouverner un pays souvent enclin aux fractures et aux divisions.
Cette reconnaissance pour le Général, elle s’adresse aussi évidemment à celles et ceux qui ont répondu à son Appel, qui l’ont suivi, qui l’ont servi, dans les heures les plus sombres mais aussi au cours des pages heureuses d’un pays qui a su retrouver, sous sa conduite, le chemin de son honneur, de son unité et de sa grandeur.
A cet égard, nous avons aujourd’hui une pensée particulière et émue pour les Compagnons récemment disparus, au premier chef, l’Amiral Philippe de Gaulle, premier des Compagnons, décédé le 13 mars dernier, notre Compagnon Michel Cherrier, jeune résistant et Français Libre qui dès 1940 « brûlait d’envie de rejoindre le Général de Gaulle pour prendre part à la grande aventure pour libérer la France », décédé le 31 décembre dernier et notre Ami Bernard Duval, dernier résistant déporté de Normandie, dernier rescapé des internés de la maison d’arrêt de Caen, disparu le 18 septembre dernier.
Le Gaullisme fut une chevalerie des temps modernes et nos trois Compagnons, derniers représentants des « Croisés de la Libération », ont acquis pour toujours une place éminente dans nos coeurs.
Nous sommes ensuite venus pour exprimer notre Fidélité.
Au-delà de l’Homme, le Général de Gaulle est devenu l’un de ces symboles qui sont constitutifs de notre identité, une référence incontournable dès qu’il s’agit d’envisager le destin national.
Lire, penser, évoquer De Gaulle nous permet de nous rattacher collectivement à « cette certaine idée de la France » qui participe de la cohésion d’un Peuple, du ciment constitutif du salutaire récit national.
Nous le faisons rationnellement car la Fidélité au Général marque notre attachement à l’Histoire de France mais nous le faisons aussi sentimentalement car De Gaulle et la France, De Gaulle et les Français, c’est avant tout une histoire d’amour.
Finalement, nous nous trouvons rassemblés autour de cette stèle comme les familles ont pu se réunir, il a y quelques jours lors de la Toussaint, sur les tombes de leurs Pères, en filles et fils reconnaissants et fidèles.
Ainsi, pouvons-nous dire qu’en ce 9 novembre, c’est en quelque sorte un devoir filial qui nous mobilise.
Enfin, et ce n’est pas là la chose la moins importante, nous sommes venus pour affirmer que l’œuvre accomplie par le Général doit constituer aujourd’hui une source d’espoir, une source d’inspiration et d’ardeurs nouvelles.
Paradoxalement ce 9 novembre, jour de deuil est aussi, est surtout un jour d’espérance pour les Gaullistes.
En effet, en nous tournant vers le passé gaullien de la France, nous voulons nous placer pour un court moment en dehors de l’instantanéité du temps présent, du vacarme de notre époque dite moderne et des trop nombreux facteurs de division d’une société, parfois en perte de repères.
Pourquoi devrions-nous toujours être dans le temps d’aujourd’hui puisque nous savons qu’il ne sera justement pas celui de demain ? A fortiori, à notre époque où les choses vont si vite et de manière tellement désordonnée, souvent incontrôlée.
Nous préférons, et de loin, puiser notre inspiration dans un temps certes déjà révolu mais constitué à partir d’un socle tellement solide, fort et structurant qu’il porte en lui les ferments du Renouveau, d’une Espérance, d’une éthique collective. L’héritage du Général repose sur des valeurs éminemment actuelles, des valeurs qui participent d’une société qui fait sens, qui promeut le collectif et rassemble ses membres autour d’une ambition nationale.
Le sens du service, de l’engagement, l’unité de la Nation, la volonté de rassemblement au-delà des clivages, l’amour de la France, le souci de l’indépendance nationale – la France ne pouvant évidemment pas laisser son propre destin et même sa propre vie à la discrétion des autres – la dignité de l’Homme, la place de celui-ci dans la société et la capacité de refuser ce qui apparait au plus grand nombre inévitable. Voilà au fond les valeurs intangibles léguées par le Général.
Alors, notre mission, notre devoir, notre obstination consiste à permettre aux jeunes générations de s’approprier cette histoire, d’en comprendre la force du message qu’elle contient et de l’intégrer dans leur vision de l’avenir.
A cet égard, je salue chaleureusement la présence parmi nous de Marion Mathelier, 18 ans, porte-drapeau des Cadets du Gaullisme, les jeunes de Fidélité Gaulliste de Normandie et de Paul Cherrier, illustrations vivantes d’une jeunesse engagée et volontaire, porteuse de mémoire et ferment d’espérance.
Alors Mesdames, Messieurs, chers Compagnons, voyons ce 9 novembre, journée de deuil, comme étant une invitation post-mortem lancée par le Général de Gaulle afin d’espérer encore et de croire toujours au destin sublimé de la France ! »

Texte du discours du Général du 08.10.1944, qui a été lu samedi par Paul CHERRIER.

Extrait du discours prononcé par le Général de Gaulle à Caen, devant le monument aux Morts de la place Foch, le dimanche 8 octobre 1944 à 18h30

« Au nom de la France, j’ai l’honneur et l’émotion de saluer ce soir Caen plus fière et plus résolue que jamais, comme la France entière est plus fière et plus résolue qu’elle n’a jamais été. Caen, au milieu de ses ruines, est un symbole, un symbole de ce que nous avons subi et de tout ce que nous devons faire.
Ce que nous avons subi, ce que nous avons souffert, l’océan d’humiliation et de malheur d’où nous émergeons : chacune et chacun de vous le mesure aussi bien que moi-même.
Ce que nous devons faire, il n’y a qu’à regarder autour de nous pour le comprendre et le vouloir. Nous avons à arracher des mains d’un ennemi détesté une partie de notre Lorraine, toute notre Alsace qu’il tient encore ; nous avons à franchir le Rhin pour aller, chez lui, arracher la vraie victoire et trancher par l’épée ce que l’épée seule peut trancher.
Nous avons à rebâtir, morceau par morceau, pont par pont, port par port, ville par ville, maison par maison. Nous avons à nous rebâtir dis-je, pour être plus forts, plus puissants que nous voulons l’être ; pour prendre, car on ne nous le donnera pas, pour prendre la place que nous voulons avoir, la première parmi les plus grands et les plus puissants.
Nous avons à nous rénover matériellement, moralement, pour être la plus grande Nation que, depuis deux mille ans, nous avons mérité d’être, que nous saurons mériter de rester pendant des siècles encore. Cela, c’est l’œuvre à faire en commun par tous les fils et toutes les filles de France.
Rassemblés, même si certains ont pu se tromper, du moment qu’ils étaient de bonne foi, rassemblés autour d’un seul drapeau, autour d’une seule patrie, le drapeau de la France, la patrie française, tous dans la nuit, bien d’accord devant votre monument aux morts, aux morts de la Grande Guerre auxquels nous joignons tous ceux des citoyens et des citoyennes de Caen qui sont morts, dans leur ville ou hors de leur ville au service de la France, tous ensemble, dis-je, pour marquer notre union et notre volonté, nous allons chanter pieusement l’hymne national, La Marseillaise ».

Aller au contenu principal